« Intellectuellement, je pars de tout ce que je vois » déclare l’artiste polyvalente Hélène Delprat qui dévoile pour la première fois son univers à la Galerie Hauser & Wirth. Une phrase résonnant avec l’atmosphère de Monster Soup, une exposition colossale à l’approche multidimensionnelle qui mêle des sources d’inspirations éclectiques et constitue un monde inquiétant empli de beau, d’obscurité, d’absurde et de grotesque.
L’artiste aux multiples facettes nous invite à une déambulation au cœur de peintures satiriques sur la guerre comme Il n’y a plus rien à faire où des portraits de soldats nazis et des bottes militaires en lévitation coexistent avec des visages déformés de cartoons de propagande. Si notre regard s’attarde sur cette forme d’absurdité, il est vite détourné par un florilège de sculptures, vidéos et installations surprenantes qui interrogent les notions de mémoire, de trace et d’héritage dans un espace où fiction et documentaire s’entremêlent.
Le tout regorge de personnages et créatures fantastiques à l’allure parfois monstrueuse qui flottent sur des fonds brumeux et multicolores révélant des compositions oniriques où le caractère mystérieux du souvenir transparaît. Des récits en apparence dénués de sens nous guident ainsi sur un chemin parsemé de paradoxes, d’ambiguïté, d’humour et d’autodérision propre à un univers presque trash qui semble insaisissable. Quelque chose nous échappe, nous maintenant dans une perpétuelle recherche initiée par l’immense créativité d’une artiste de génie.